Imaginez un peu : la semaine dernière, WeTransfer, ce service bien pratique pour envoyer de gros fichiers, a discrètement mis à jour ses Conditions Générales d’Utilisation (CGU). Et là, surprise ! Au détour de l’article 6.3, une petite phrase qui fait froid dans le dos : à partir du 8 août prochain, WeTransfer allait accéder à vos fichiers pour entraîner son intelligence artificielle.
Le « Data-Business » en pleine lumière
En clair, pour WeTransfer, c’est l’occasion en or d’améliorer son système d’analyse des contenus que nous échangeons. Que vous soyez un particulier qui partage ses photos de vacances, ou un professionnel qui transmet des documents confidentiels (projets, appels d’offres, contrats…), tout passe au crible ! C’est ce qu’on appelle le « data-business » : vos données deviennent une mine d’or. Tout se monnaie, tout s’achète, semble-t-il !
Le scandale de l’été évitée de justesse ?
Cette clause n’a pas tardé à être repérée par la communauté des Délégués à la Protection des Données (DPO). Ce qui s’annonçait comme le plus gros scandale de l’été a vite été dénoncé sur les réseaux professionnels. Mais coup de théâtre : en quelques heures à peine, cet article 6.3, qui stipulait clairement que vous accordiez à WeTransfer « une licence mondiale, non exclusive, transférable, sous-licenciable et gratuite pour utiliser, copier, modifier, distribuer et créer des œuvres dérivées de vos contenus — y compris dans le cadre de l’entraînement et du développement de modèles d’apprentissage automatique », a tout simplement disparu !
Un rétropédalage en catimini
Face à cette levée de boucliers, WeTransfer a fait machine arrière et a modifié sa clause à la volée. La nouvelle version est plus édulcorée : « Par la présente, vous nous octroyez une licence sans redevance pour utiliser votre Contenu dans le but de gérer, développer et améliorer le Service, conformément à notre Politique de confidentialité et de cookies. »
Même si le langage est plus doux, l’intention reste la même : utiliser vos données pour améliorer leur « service » via leur IA interne. C’est ce qu’on appelle un bel enfumage !
Ce que WeTransfer a osé dire tout haut…
WeTransfer a fait l’erreur de crier sur les toits ce que d’autres géants du numérique préfèrent garder secret. Meta (avec Facebook et Instagram) pille vos données via son IA depuis mai dernier sans signer le code de bonnes pratiques européen. Microsoft et son Copilot vous écoutent, mais ne vous en diront pas plus. Et OpenAI, avec ChatGPT, qui bouleverse l’apprentissage tout en ayant un impact environnemental non négligeable. Eux n’ont jamais osé l’écrire noir sur blanc !
La règle d’Or : Si c’est gratuit, c’est vous le produit !
Si vous vous demandiez pourquoi des services aussi pratiques et performants sont souvent gratuits, vous avez désormais la réponse : c’est vous le produit, ou votre entreprise, ou votre administration… Vos données sont leur monnaie d’échange.
Des alternatives respectueuses de vos données
Heureusement, il existe des alternatives pour envoyer vos fichiers en toute tranquillité, sans que vos données ne soient exploitées à votre insu. Du côté des entreprises françaises, vous pouvez vous tourner vers Smash. Pour les adeptes de l’open source et de l’internet libre, les solutions de Framasoft comme Drop.infini.fr sont une excellente option. Et si vous préférez une solution suisse, Swisstransfer d’Infomaniak est une alternative fiable.
Alors, prêt à protéger vos données ?