Meta et l’utilisation des données pour son IA : comment s’y opposer ?

À la fin du mois de mai, le groupe Meta utilisera les contenus publics des utilisateurs européens de ses solutions pour entraîner ses IA. Nous ne savons ce que vous en pensez, mais cette décision soulève de nombreuses interrogations, principalement sur le sujet du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles. Est-ce trop tard pour agir ? Peut-on s’opposer à l’utilisation de nos datas ? Nous vous rassurons, c’est possible, mais il faut vous dépêcher. Voici un résumé de ce qu’il faut retenir et comment s’opposer à l’utilisation de vos données par Meta.

Meta et l’utilisation de vos données personnelles

Utilisation de vos données pour l’IA, une politique initiée en 2024

En 2024, le groupe Meta – la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp – communiquait sur la mise en place d’une nouvelle politique concernant l’utilisation des données personnelles. L’objectif était simple : se servir des données des utilisateurs de ses solutions pour entraîner ses différents modèles d’intelligence artificielle. Nous pouvons comprendre l’intérêt de cette stratégie, mais cela doit-il se faire en exploitant les datas des différents utilisateurs de ses applications ?

Pour améliorer son Meta AI, l’assistant virtuel intégré, Meta souhaite donc utiliser les données de ses différentes plateformes. Pour être tout à fait précis, le groupe va utiliser les données que vous avez publiées :

• Les publications publiques,
• Les commentaires,
• Les photos (et légendes associées),
• Les échanges dans les groupes publics.

À cela, il faut bien évidemment ajouter vos éventuels échanges avec Meta AI (y compris sur WhatsApp). Le groupe précise bien que les messages privés ne sont pas concernés, à moins qu’un des correspondants décide de partager l’échange.

En lisant ces quelques lignes, nous sommes persuadés que vous vous rendez compte des conséquences d’une telle stratégie. Même si Meta ne va pas utiliser toutes les données, le périmètre est déjà bien large. En effet, tous les contenus rendus publics seront utilisés à des fins de formation des systèmes d’IA.

Et le RGPD dans tout ça ?

Si vous avez quelques notions sur le règlement général de protection des données, vous savez que chaque traitement de données à caractère personnel doit s’appuyer sur une base juridique (ou base légale ou fondement juridique). En effet, les entreprises ne peuvent pas faire n’importe quoi avec les données collectées. Si vous vous rendez sur le site de la CNIL, vous verrez qu’il existe 6 bases légales différentes :

• Le consentement,
• le contrat,
• l’obligation légale,
• la sauvegarde des intérêts vitaux,
• l’intérêt public,
• les intérêts légitimes.

Si nous revenons sur notre sujet du jour, Meta justifie l’utilisation des données en s’appuyant sur la base juridique « intérêt légitime ». En décidant de baser son traitement là-dessus, cela lui évite de demander le moindre consentement explicite auprès de l’utilisateur (« nous » si vous n’aviez pas compris).

Toujours sur le site de la CNIL, en s’intéressant de plus près à la base juridique « Intérêt légitime », on peut lire que « l’organisme traitant les données doit respecter certaines exigences » et que « le traitement ne doit pas heurter les droits et intérêts des personnes dont les données sont traitées ».

Autrement dit, Meta ne nous demande pas si on souhaite donner l’accès à nos données pour former ses IA. La seule solution est de s’y opposer, et de faire avant une certaine date… qui approche à grands pas. Pour refuser l’utilisation de vos données, vous devez agir avant le 28 mai 2025.

Que se passera-t-il après cette deadline ?

Si vous laissez passer cette date du 27 mai, Meta considérera que vous n’avez pas exprimé votre refus ou opposition et donc que l’entreprise pourra exploiter vos données. C’est un peu comme l’expression « qui ne dit mot consent ». Autrement dit, si vous n’agissez pas, toutes vos données – qu’elles soient anciennes ou à venir – pourront alimenter les IA de Meta.

Comment s’opposer à l’utilisation de vos données par Meta ?

En plus des applications que vous utilisez actuellement, vous devrez suivre une ou deux procédures différentes. Il existe donc un tuto pour Facebook et Instagram et un autre pour WhatsApp. Avant de lister les quelques étapes à suivre, nous vous rappelons le point le plus important : vous avez jusqu’au 27 mai pour effectuer ces manipulations.

Sur Facebook et Instagram :

1. Lancez l’application,
2. Se rendre dans les paramètres et confidentialité,
3. Se rendre dans le menu « Centre de confidentialité »,
4. Cliquer sur le lien « opposer » dans le texte (exemple ci-dessous), vérifier votre adresse email, puis cliquer sur « Envoyer » pour valider le formulaire pré-rempli.

À la validation, vous devriez recevoir un message de confirmation. Vous pouvez aussi directement passer par le formulaire Facebook ou par le formulaire Instagram.

Sur WhatsApp :

1. Se rendre sur le formulaire d’opposition
2. Cliquer sur « Comment formuler une opposition au traitement de mes informations »
3. Remplir le formulaire d’opposition en indiquant son numéro et son e-mail. Il faudra indiquer le motif de refus en répondant à l’e-mail que vous recevrez en validant le formulaire.

Il est important de noter que si vous possédez plusieurs comptes, il est nécessaire d’effectuer ces étapes pour chacun d’eux, sauf s’ils sont reliés au même « centre de comptes ».

Enfin, il existe un autre formulaire permettant de s’opposer à l’utilisation de ses informations personnelles provenant de tiers. Ce dernier peut être utilisé que vous utilisiez ou pas les services Meta.

Supprimer les discussions avec Meta AI

Si vous avez fait appel à l’assistant virtuel de Meta, il est grandement conseillé de supprimer vos conversations. Cependant, même si vous avez effectué la démarche d’opposition, ce qui a déjà été assimilé par l’IA ne sera probablement pas oublié.

Pour supprimer les interactions effectuées auprès de Meta AI, suivant si vous êtes sur un terminal Android ou iOS, il faudra cliquer longuement sur la conversation ou balayer vers la gauche.

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